Projet scientifique de l’axe 4 2014-2019

Projet de recherche 2014 – 2019

Axe 4 – Régimes de conception, économie et histoire de la conception

Plusieurs recherches ont montré que la représentation classique du rôle des écosystèmes dans l’innovation devait être complétée. L’idée naturelle que l’agrégation de compétences diverses, dans un même espace, ou dans un même cadre institutionnel, favorise l’innovation résulte d’un biais d’observation. La réunion des compétences nécessaires est indéniablement une condition de succès de l’innovation, mais elle est un résultat du processus d’innovation et non pas sa cause. Il a ainsi pu être montré que les écosystèmes véritablement innovants étaient le résultat d’un pilotage particulier qui façonne à la fois les concepts et les compétences qui y collaborent. Par « pilotage », il ne faut pas entendre une direction hiérarchique mais plutôt un collège d’acteurs ou d’institutions. Les travaux de la chaire soulignent plutôt la nécessité de ce qui a été appelé des « collèges de l’inconnu » capables de protéger les mécanismes vitaux de l’innovation (notamment ce que l’on a appelé « la circulation des imaginaires » et d’empêcher la « fixation » autour de développements routinisés. La notion d’ « Architecture de l’innovation » a aussi été évoquée pour caractériser le mode d’intervention de ces collèges.

La chaire se propose de poursuivre et d’approfondir ces travaux dans deux directions :

• D’une part l’étude des grands projets technico-scientifiques, ayant un contenu « politique » significatif, impliquant de fortes ruptures et la caractérisation des modes de pilotage associés •

D’autre part, l’analyse des modes de régulation de l’innovation utilisés par les Etats ou les pouvoirs publics soit pour « stimuler », soit pour « impulser » de grands programmes d’innovation. Cette question a fait l’objet d’une littérature ancienne et abondante, notamment de la part des économistes et des sociologues. Mais on mesure mieux aujourd’hui les limites des grands outils macroéconomiques et des modèles de politiques publiques dans le domaine de l’innovation ainsi que les difficultés des grands projets de type Défense ou « investissements d’avenir ». En partant des acquis de la chaire, on se propose donc d’approcher ces questions selon un angle nouveau et, c’est notre hypothèse, mieux adapté aux processus d’innovation que l’on se propose de réguler. Par exemple, les travaux de la chaire ont montré les limites des notions de « key enabling technologies » qui ne sont pas reliées aux grandes ruptures conceptuelles qui orientent l’innovation. On développera plutôt des modèles de pilotage construits sur les notions de « concepts génériques » qui devraient en outre éclairer les grands choix de financement.

Il faut noter que l’amélioration des modes de régulation de l’innovation bénéficiera directement aux entreprises. En effet une gouvernance de l’innovation efficace au sein d’une entreprise implique des évolutions similaires chez ses donneurs d’ordre et dans l’ensemble de l’écosystème.

Ces travaux devraient déboucher sur des propositions en matière d’organisation, d’instrumentation et de méthodes pour le pilotage et l’évaluation de ces nouveaux écosystèmes innovants.